Les enfants n’ont pas appris à développer les compétences émotionnelles essentielles au succès, mais aussi au bonheur, comme être capable de persévérer, de tolérer la frustration et de retarder le plaisir.

« Je mérite la moitié de l’entreprise, j’y ai travaillé toute ma vie. » Vous croyez que ces affirmations proviennent d’une conjointe dans la cinquantaine déçue ou frustrée qui veut être reconnue à sa juste valeur pour son travail? Eh bien, détrompez-vous. Je l’ai entendu de la part de jeunes adultes âgés entre 22 et 25 ans. Heureusement que j’étais bien assise, car je serais tombée de ma chaise. Toute leur vie inclut les années à l’extérieur pour poursuivre leurs études au cégep ou encore à l’université. Certains d’entre eux ont même eu la chance d’aller acquérir de l’expérience de travail à l’étranger et de perfectionner leur anglais.

 La nouvelle génération du «NOW»

Nous sommes dans une société qui veut tout, tout de suite. La génération du « now ». Les « Canadian Idols » et les Stars Académie donnent l’illusion que l’on peut être un artiste accompli en quelques mois. Pourtant, demandez aux vrais artistes (Céline Dion, Ginette Reno, Richard Ségin, etc.) si une carrière se bâtit en quelques mois, ou même en quelques années. Ils vous diront que c’est à travers le travail, la patience, la persévérance et les obstacles qu’ils ont réussi.

Nous savons aujourd’hui que la génération Y, soit les 16-30 ans, est associée davantage à la recherche du plaisir immédiat et à une plus grande consommation. Mais aussi à une plus grande difficulté à gérer les pulsions et à un manque de tolérance aux frustrations de la vie. Et malheureusement, ce phénomène semble s’accentuer chez la génération qui suit. Bien entendu, toute généralité ne tient pas compte des exceptions, donc désolée pour ceux qui ne se reconnaissent pas.

 

Toutefois, cette génération n’en est pas arrivée là toute seule. Des parents qui ont dû composer avec des manques importants dans leur enfance ont voulu compenser en donnant beaucoup aux enfants. Ces derniers n’ont pas appris qu’il y a des limites dans la vie, qu’on ne peut certainement pas tout avoir et pas tout de suite. Enfin, ils n’ont pas appris à développer les compétences émotionnelles essentielles au succès, mais aussi au bonheur, comme être capable de persévérer, de tolérer la frustration et de retarder le plaisir.

Notre part de responsabilité

Aujourd’hui, au nom de l’intégration de la relève, ne sommes-nous pas en train de contribuer au problème? Afin que l’entreprise bénéficie d’un prêt de 5 Kilos/jour, nous favorisons l’association à 50 % dans la jeune vingtaine d’une entreprise qui vaut des millions de dollars. À ma connaissance, ce phénomène n’existe dans aucun autre secteur.

Avec cette aide, ne sommes-nous pas en train de priver des jeunes de développer les qualités essentielles de tout bon entrepreneur? Nous ne créons pas un entrepreneur en lui cédant des parts d’entreprises, pas plus que nous ne créons pas un vrai artiste en 10 semaines de gloire à la télévision.

L’entrepreneuriat se développe avec le temps, la maturité, le travail, la persévérance et les épreuves aussi. Il s’acquiert également avec des parents qui sont des modèles et des mentors sachant accompagner la relève vers une maturité entrepreneuriale. Tout transfert devrait donc se faire d’une façon graduelle, autant dans la délégation des tâches et des responsabilités, que dans la prise de décision et le partenariat financier.

 

Nous connaissons la vraie valeur de l’argent avec l’expérience de vie et le dur labeur nécessaire pour le gagner. Avec la reconnaissance aussi que par de mauvaises décisions ou des malchances, nous pouvons si facilement le perdre. Tout cela s’apprend malheureusement dans la vie et non au cégep ou à l’université…

Bonne réflexion !

par Pierrette Desrosiers, M. Ps.

Psychologue, conférencière, formatrice, coach d’affaires et auteure

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