« Lorsqu’un de mes amis réussit, quelque chose en moi s’éteint. » Gore Vidal

 

Pourquoi mon frère agit-il de la sorte ? Pourquoi me ridiculise-t-il devant les autres ? Pourquoi ment-il à mon propos et m’abaisse-t-il face à mon père ? Comment se fait-il qu’il ne puisse jamais admettre un de mes bons coups ? Se pourrait-il qu’il m’envie ? » me demande Sylvain. Et oui, il se peut fort bien que ton frère t’envie…

On peut convoiter l’argent, le statut, le pouvoir, la reconnaissance, la réussite ou l’entreprise. Ce sentiment désagréable suscite différentes formes d’émotions telles la colère, la frustration, la pitié pour soi-même, la méchanceté ou la revendication. De multiples stratégies sont mises en œuvre pour se défendre de l’envie : médire, se venger, rabaisser l’autre, l’idéaliser ou souhaiter le dépasser. Cependant, l’envie peut avoir un aspect positif. Elle peut stimuler notre désir d’accomplissement tout en nous laissant conscients des limites de nos capacités et de nos ressources réelles.

 

L’envie est un sentiment honteux qui nous habite tous à l’occasion, une émotion difficile à identifier. Moi envieux ? Jamais de la vie ! Déjà, dans les écrits bibliques on disait : « Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain, ni sa femme, ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne. » Et si on ajoutait ni son tracteur, ni son quota, ni ses pur-sang ? L’envie de ce que le voisin possède peut coûter beaucoup à certains producteurs. Elle entraîne des excès et certains en paient le prix.

Pourquoi envie-t-on ? On envie chez l’autre certains éléments qu’on croit nécessaire à notre bonheur. Paradoxalement, plus on se concentre sur les possessions d’autrui, plus notre malheur s’accroît. Tout simplement parce qu’en enviant l’autre, on ne réalise plus ce qu’on a. On n’arrive plus à juger sa vie de façon favorable. La capacité d’être conscient de ce qu’on possède et de l’apprécier s’avère déterminante pour le bonheur. Tel un poison mortel, plus l’envie nous habite, plus elle nous intoxique, car il y aura toujours quelque part quelqu’un de plus beau, plus riche, plus intelligent, plus populaire, qui réussit mieux que nous ou qui possède une entreprise plus prospère.

 

Pour être heureux, il faut cesser de désirer des choses irréalistes ou qui coûtent trop cher pour nous. Il s’agit de ramener notre idéal à ce qui nous est accessible et, surtout, de se souvenir que l’autre est rarement plus satisfait parce qu’il en a plus que nous. Sachez qu’il lui arrive souvent, lui aussi, d’envier quelqu’un d’autre…

 

À ceux qui suscitent de la convoitise à cause de leur réussite en couple, en famille ou en affaires, ou tout simplement parce qu’ils sont heureux dans la vie, rappelez-vous que le succès ressemble à un fromage Oka : un mets savoureux pour celui qui le déguste, mais qui peut empester les autres. Alors, êtes-vous de ceux qui savourent leur fromage ou de ceux qui reniflent celui du voisin ?

 

par Pierrette Desrosiers, M. Ps.

Psychologue du travail, conférencière, coach d’affaires et auteure

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