Un préjugé se forme lorsqu’on a une expérience restreinte avec un groupe. Si l’expérience est négative, le préjugé sera négatif.

 

« Oui, mais, madame Desrosiers, il y a des agriculteurs qui sont “colons” ! » me lance Diane, une professionnelle, lors d’une formation donnée auprès d’intervenants qui désirent mieux connaître le monde agricole. Comme je suis fille, sœur et conjointe de producteurs agricoles, pas besoin de vous dire que Diane vient de toucher à un de mes boutons sensibles. Vous savez ce genre de choses qui viennent toucher à vos valeurs, votre identité, votre ego?

Franchement, cette déclaration me ramène à l’époque de ma jeunesse où « lorsque l’on venait de la campagne », on était vu comme un peu arriéré et on se faisait traiter de « colon ». Je lui réponds donc, avec toute ma passion, mais avec un peu de retenue (je suis tout de même la formatrice) : « C’est vrai, madame, je suis entièrement d’accord avec vous. Il y a des « colons » chez les agriculteurs. Mais vous savez, on en retrouve également en cravate et en habit, avec de beaux diplômes universitaires. »

D’abord, qu’est-ce qu’un colon ? Pour la plupart des gens, on est loin de la définition de « celui qui a colonisé ». Dans le langage populaire, un colon est une personne vulgaire, qui ne sait pas vivre, qui manque de classe et de bonnes manières. Bref, un colon est une personne mésadaptée socialement dans ses gestes et ses paroles.

Lorsque je suis entrée à l’université, alors que j’avais vingt ans, je croyais qu’en me retrouvant avec de futurs professionnels, je ne rencontrerais pas de “colons”. Quelle déception ! Plus tard, je me suis dit : « Sur le marché du travail, les professionnels que je vais rencontrer auront tous de bonnes manières… » Là encore, quel choc !

Les préjugés sont forts. Un préjugé se forme surtout lorsque l’on a une expérience restreinte avec un groupe. Si l’expérience est négative, le préjugé sera négatif. Par exemple, si j’ai rencontré seulement une personne à la peau noire et qu’elle était paresseuse, je penserai que les noirs sont tous paresseux.

Ceux qui ont une très faible connaissance des agriculteurs se réfèrent à leur expérience et déduisent de cette expérience. Par exemple, si je rencontre « l’agriculteur », celui qui va faire ses emplettes en ville en traînant une odeur de fumier, je me ferai une idée négative des agriculteurs. Lorsque je ne connais pas quelque chose, je fais une généralité avec quelques cas qui marquent. Et malheureusement, le négatif laisse souvent une image forte. C’est le phénomène de la mémoire sélective. Le producteur gentleman passe inaperçu, mais le « colon » qui empeste la ville, lui, laisse sa trace.

Rassurez-vous, je crois que la perception de la société vis-à-vis des agriculteurs a évolué. Toutefois, il faut comprendre que les préjugés se forment et mettent du temps à changer. Comme un producteur me disait l’autre jour : « Ça fait longtemps qu’on va en ville, qu’on sort de notre campagne. Toutefois, il y a plusieurs urbains qui ne sont pas encore sortis de la ville. » Serait-ce un préjugé ?

Enfin, rappelez-vous ce que ma mère me disait si souvent : « L’instruction n’apporte pas l’éducation. »

 

par Pierrette Desrosiers, M.Ps,  psychologue du travail,  conférencière, coach d’affaires

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