Les belles-sœurs dans l’entreprise familiale: sources de tous nos malheurs et tous nos conflits?

Si les belles-sœurs font partie du problème, elles font aussi partie de la solution pour résoudre les conflits. Ayons le courage de se parler, de négocier, et ce, en toute franchise.

« Si tu ne veux pas de problèmes dans ton entreprise, n’impliquent pas les belles-sœurs. Si elles n’en font pas partie et qu’elles ne participent à aucune décision, tout va bien aller. Moins elles en savent, mieux c’est. »

Ces affirmations sont « l’écho » de ce que l’on entend depuis des années, et ce, autant de la part des agriculteurs que de plusieurs professionnels qui les conseillent. Depuis plus de 20 ans, en tant que psychologue en agriculture, je n’en suis pas à ma première « chicane » de belles-sœurs. J’ai été témoin de plusieurs conflits de famille. Est-ce que le fait de ne pas être directement impliqué dans l’entreprise évite complètement les conflits ? Certainement pas, et ce, pour plusieurs raisons.

 

Association entre frères: un mariage à 4

Tout d’abord, rappelons-nous que le taux de divorce dépasse les 50 %. Une association entre deux frères qui ont des conjointes est en fait « un mariage à quatre », sauf qu’on n’a pas choisi de marier les deux autres. Donc soyons réalistes, on ne peut, en toute logique, dépasser le taux de succès d’un couple.

En théorie, il semblerait que toutes les décisions concernant l’entreprise devraient être prises sans devoir consulter les conjoints et que l’on devrait négocier seulement entre les partenaires de l’entreprise. FAUX. Pourquoi ? Les décisions qui auront un impact sur la conjointe ou la vie de famille devraient être considérées différemment. Si le fait de racheter le voisin coupe tous les extras de madame et des enfants, en plus d’hypothéquer le peu de temps en famille qu’il restait, et ce, pour les années à venir… Messieurs, vous devriez en parler à votre conjointe avant de prendre la décision et non après. Il se peut qu’une conjointe s’en accommode et l’autre pas. Certains me diront :

« Si je travaillais à l’extérieur, je ne consulterais pas ma femme et encore moins ma belle-sœur. Elles ne sauraient pas ce qui se passe dans l’entreprise ».

Messieurs, il y a fort à parier que vous consulteriez votre conjointe s’il se présentait une promotion qui vous empêcherait de voir les enfants le soir. Même chose dans une situation de diminution de salaire où vous songeriez à changer d’emploi. Et dans une entreprise agricole, une « promotion » ou une diminution de salaire affecte votre belle-sœur.

 

Plus de proximité dans l’entreprise, plus de conflits

À cet égard, l’association de frères au sein d’une entreprise agricole comporte ses particularités. Celles-ci augmentent, la plupart du temps, la probabilité de conflits, la proximité des lieux en est une. Ma mère disait : « Ce que tu ne vois pas ne fait pas mal ». Plus on est témoin du quotidien, par exemple un frère qui arrive plus tard que l’autre à l’étable, plus les sources probables de frustration augmentent. Eh oui, la belle-sœur prendra toujours pour son mari.
En l’occurrence, plus il y a de partenaires dans l’équation, plus il y a d’attentes, de personnalités, de valeurs, de visions et de besoins différents. Parallèlement, plus il y a de gens affectés par les décisions, plus longue et délicate sera la prise de décision.
Les associations exigent certainement beaucoup de maturité. Il faut accepter que nous soyons différents, humains et faillibles. Pouvoir composer avec ces « irritants » de façon adéquate requiert de grandes compétences émotionnelles. De manière plus précise : se connaître, savoir gérer ses émotions ainsi que ses relations.

En un sens, ce n’est pas surprenant de constater que les fermes de groupes sont une espèce en voie de disparition.  De toute évidence, il est normal de penser que si les belles-sœurs font partie du problème, elles font aussi partie de la solution. Alors, en tant qu’adultes, ayons le courage de se parler, de se dire les vraies choses, de négocier, et ce, en toute franchise.
Rappelez-vous que de toute façon, si la conjointe ou la belle-soeur a son mot à dire, elle le dira. Que ce soit autour d’une table de discussion, sur l’oreiller ou, ultimement, chez l’avocat, vous ne pourrez éternellement y échapper. Il vaut donc mieux intervenir au début qu’à la fin.

Bonne réflexion !

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par Pierrette Desrosiers, M.Ps, psychologue du travail, conférencière, coach d’affaires

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