Avons-nous toujours le choix? À vous de décider…

« La dernière des libertés humaines est que nous pouvons toujours choisir, nous sommes toujours libres de nos réactions. » Victor Frankl

« J’ai pris la ferme à 16 ans et je réalise aujourd’hui (à 40 ans) que je ne savais pas trop ce que je voulais à l’époque… Mon père, qui était alors malade, m’avait dit : « Tu la veux ou pas la ferme? ». J’ai choisi de prendre la relève. Je n’aimais pas l’école. J’étais bon dernier de toute façon. Quand je me suis mariée à 18 ans et que j’ai décidé d’avoir des enfants, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Si c’était à refaire… Je ne l’ai pas choisi, il faut bien que… »

À quelle fréquence ressentez-vous que votre vie n’est qu’une série de « Je n’ai pas le choix de »? Ou bien avez-vous au contraire le sentiment d’avoir le contrôle sur votre vie, de faire des choix lucides? Depuis des siècles, le débat existe entre la notion de choix et de déterminisme chez l’être humain. Et si, dans le fond, nos décisions n’étaient qu’une illusion? Que tout était décidé par notre génétique, notre environnement, notre histoire ou le destin?
Tout d’abord, on ne peut observer ou démontrer un choix. On ne peut que l’affirmer. Certaines personnes auront la sensation ou la perception ferme d’avoir sciemment choisi (travail, conjoint, avoir des enfants). D’autres, au contraire, passent leur vie en s’affichant en tant que victime, en subissant tout ce qui leur arrive.

Selon le psychologue Yves St-Arnaud, voici les indices d’un choix personnel :

Éléments antérieurs au choix

1- Je perçois une alternative.
2- Je ne me sens pas obligé(e).
3- Je choisis de façon réaliste (choix éclairé).
4- Je suis conscient que je risque de me tromper.

Éléments postérieurs au choix

5- J’éprouve une mobilisation d’énergie.
6- Je conserve le souvenir de mon choix.
7- J’assume la responsabilité de mon choix.
8- Je me sens autorisé à modifier mon choix (lorsque c’est humainement possible).

Tous les indices ne sont pas toujours présents, mais plus leur nombre est élevé, plus la qualité du choix personnel est grande.
Choisir, c’est aussi afficher et affirmer son identité : ses valeurs, ses intérêts, son vécu. Mais, comment peut-on faire des choix personnels qui révèlent notre identité, lorsque celle-ci n’est pas suffisamment formée, lorsque nous ne connaissons rien (ou presque) de la vie? Avec tous les choix qui s’offrent aujourd’hui, cela a notamment tendance à se complexifier, à prendre plus de temps. Et pourtant, on demande à des jeunes de 18 ans de « choisir » leur métier, sans que ceux-ci puissent même être en mesure de définir ou d’expliquer ce qu’est la vie.
Bien entendu, certains diront que face à telle ou telle situation, ils n’ont pas le choix, ils subissent. Il est vrai que nous n’avons aucun ou très peu de contrôle sur plusieurs événements de la vie, mais que nous avons, par contre, toujours le choix de nos réactions.

Pendant sa captivité dans un camp de concentration, le docteur Frankl comprit qu’entre ce qui nous arrive (le stimulus) et notre réaction (la réponse), il y a un espace. Et c’est précisément dans cet espace que se manifeste la liberté de choisir notre réponse. C’est ce qui nous distingue de l’animal.
Les gens qui éprouvent le sentiment de pouvoir choisir vivent moins de détresse, se disent plus heureux et satisfaits dans la vie et de leur vie. Choisir, c’est oser, c’est accepter l’ambivalence, l’incertitude, voire de se tromper. Plus l’humain exerce sa capacité de choisir et plus il augmente sa zone de liberté. En somme, il devient l’artisan et le producteur de sa vie.

 

par Pierrette Desrosiers, psychologue du travail

Coach d’affaires, conférencière et auteure.